590 - Mécanique et technique
Octobre 2015 – Tahiti – Polynésie Française
Lecteur amateur de belles images, de paysages somptueux et de clichés époustouflants, te voilà prévenu : il n’y aura rien de tout ça dans cet article !
Pourquoi, demanderas tu, curieux comme à ton habitude ?
Ce n’est pas que Kouunji veuille te frustrer (Kouunji déteste la frustration !), c’est juste que la vie d’un catamaran de croisière n’est pas faite que de longues navigations entrecoupées par des mouillages idylliques.
Celui qui te vend la navigation au long cours comme une suite ininterrompue de bons moments est un fieffé menteur ! Des galères et des contraintes, il y en a, ainsi que tu vas pouvoir le constater dans la suite de cet article qui annonce donc la couleur : gris chantier !
Ca commence de façon très sportive, avec une mise au sec qui aurait donné des sueurs froides à Rambo lui-même, puisque le quai spécialement aménagé pour la grue mesure 6,50 mètres de large, et que Kouunji, qui a pourtant la ligne sylphide, mesure quant à lui 6,30 mètres de large.
L’espace de chaque côté est donc tout rikiki et ne permet même pas le passage des pare-battages ! C’est du sport pour ne rien heurter et préserver la coque !
Mais les gars de Technimarine (un chantier que Kouunji te recommande, ami marin), sont des pros et ça passe comme une lettre à la poste. Ouf !
Une fois installé, il faut se mettre au boulot illico presto, derechef et sans désemparer, car le chantier facture le stationnement sur site, ce qui te motive grandement pour finir tes travaux au plus vite.
Ca commence par les hélices des moteurs. Celles-là ont fait leur temps…
Celles-là iront beaucoup mieux.
Kouunji troque ses bipales « bec de canard » contre des tripales de compétition, grâce auxquelles on va (presque) pouvoir faire du ski nautique !
Puis on attaque ce qui est la raison majeure de ce chantier : la voie d’eau. Il faut réparer les étraves, à bâbord parce qu’elle prend l’eau depuis un an et demi, et à tribord par précaution.
Ce n’est pas grand chose à faire, puisque c’est plié en quatre heures, mais il faut le faire.
Kouunji en profite au passage pour te mettre en garde lecteur. Si d’aventure tu dois t’adresser à un expert pour faire un diagnostic sur ton bateau, évite absolument Dominique R. (on tait son nom par correction mais le lecteur affûté trouvera...) qui officie en Martinique et un peu partout dans le monde pour les assureurs.
Il avait la fissure de l’étrave sous les yeux à Turks & Caicos, et il ne l’a pas vue ! Plus incompétent que ça, c’est pas possible !
Deuxième volet et non des moindres des réparations : le gréement.
Le gars que tu vois là, sur le toit de sa camionnette, c’est Mathieu, qui s’apprête à tronçonner les ridoirs (les ustensiles montés sur les haubans et qui permettent de régler leur tension), car ceux de Kouunji ont rendu l’âme.
Le haubanage a huit ans, il est en fin de vie. On vérifiera d’ailleurs que, sous le grain blanc subi à Raiatea et narré dans l’article précédent, quatre torons sur neuf ont cassé ! Kouunji n’était pas loin de démâter. Heureusement qu’on fait gaffe, hein ?!
Voilà donc ton navire préféré avec des haubans (les câbles latéraux), des ridoirs et un étai (le câble avant) tout neufs. C’est reparti pour huit ans !
Ca va Mathieu, là-haut ?!
Enfin, dernier volet des interventions : l’antifouling.
Ou, si tu préfères, la peinture qui va sur la coque et qui empêche les petites bestioles de venir squatter et de pénaliser ainsi tes performances.
Là, c’est le capitaine qui s’y colle car il suffit d’être minutieux. Ajoute à ça un lustrage de la coque, et Kouunji est flambant, fringant, prêt à affronter les mers du Sud !
Le capitaine, évidemment, est fort satisfait de voir ces 10 jours à terre prendre fin.
Car si le résumé qui t’en a été fait est brillantissime, ce passage obligé dans la chaleur, la poussière, et une crasse épouvantable a été tout de même un peu long, et les trois jours de nettoyage qui ont suivi en témoignent !
Hey les flots bleus ! On arrive !
Y’en a marre de cette vue là…
Kouunji préfère de très loin celle là…
Ou celle là…
Ou encore celle là
Mais, comme tu pourras le lire ultérieurement lecteur chéri, Kouunji n’est pas au bout de ses peines, et tu vas en avoir des sueurs froides… !
Ne rate le prochain épisode sous aucun prétexte... Quel suspense, tout de même. Avoue qu'avec Kouunji, tu en as pour ton argent : dépaysement, photos sous marines, plages somptueuses, aventures épiques...
Surtout que le blog est gratuit !