217 - Tu pars déjà ?
17 juillet 2013 - Le Marin - Martinique
La vie c’est pas juste... Notre Philou, à peine il est arrivé, il est déjà reparti... Comme disait Caliméro : c’est vraiment trop inzuste...!
Nous, on aurait bien voulu en profiter encore un peu, de ses bonnes blagues à la con, de ses rires tonitruants, de sa bonne humeur, de ses anecdotes croustillantes sur le monde de l’aviation et de tous ceux qui s’envoient en l’air tous les jours parce que c’est leur job.
Seulement, le devoir étant ce qu’il est, notre Philou nous a gratifié de sa présence un peu moins de 24 heures, et s’en est retourné, beau comme un camion... euh... non... beau comme un avion dans son costard de chef de cabine, parce qu’il était malheureusement inscrit sur la liste d’équipage du vol Air Machin n°3000 et des brouettes au départ de Fort de France et à destination de Paris Orly.
Bon, Philou, va falloir négocier sévère avec ton employeur, parce que des pauses de ce style, c’est de l’arnaque ! T’as même pas le temps de souffler, tout juste le temps de te tremper les nougats dans l’eau fraîche, déguster une bonne côte de boeuf, qu’il faut déjà remettre la cravate pour embarquer sur le vol retour !
C’est un rythme de stakhanoviste, harassant, épuisant, fatigant, éreintant, contraignant, inhumain, cruel, insoutenable, auquel te soumet ton employeur !
Faut faire grève, bloquer les avions, pendre tous les membres du directoire et du conseil d’administration avec leurs tripes, mettre le feu aux aéroports, faut se Che Guevariser, se Fidel Castroïser, devenir communiste extrémiste, voire même se Ravacholiser, devenir carrément anarchiste, et exiger d’avoir de meilleures conditions de travail !
Bon, enfin, si t’as besoin d’aide, on est là pour organiser les manifs et balancer les cocktails molotovs sur les vilains pas beaux qui t’exploitent de façon aussi Harpagonesque...!
Parce que, vois tu lecteur, nous, on veut bien faire la révolution, vu qu’on a rien d’autre à faire !
Et puis on a encore plus envie de faire la révolution quand on lit tout ce qu’on lit. Philou, il a été sympa, il s’est dit qu’on avait le mal du pays, alors il nous a ramené plein de journaux qui sentaient bon la France, le terroir, la terre natale, les racines.
Oh punaise, ce qu’on est contents d’être partis, lecteur ! Y’a que des catastrophes dans les journaux...! Des mauvaises nouvelles, de la sinistrose à longueur de ligne, de la déprime, de la tristesse, du noir, du gris, du sombre, de l’angoissant, de l’inquiétant, du pessimiste, de l’affligeant, de l’affreux, de l’amer, de l’austère, du catastrophique, du constipé, du décourageant, du désespéré, du désolant, du douloureux, du dramatique, du fâcheux, du funeste, du lugubre, du maussade, du morose, du navrant, du tragique.
A croire que les journaux nous parlent d’un monde qui n’est pas le même que celui dans lequel on vit !
Alors bien sûr, on est tristes, parce que Philou est reparti. Mais pour se consoler, on ne cesse de se répéter que, sacré nom d’une pipe, on a une p... de chance !
Donc, maintenant que Kouunji est en parfait état, qu’on a vu notre Philou, et qu’en plus Papou va repartir en France, y’a des chances pour qu’on reprenne la mer, parce que y’a plus grand chose de vraiment sérieux qui nous retienne en Martinique.
A part la flemme, mais ça, c’est pas sérieux !
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