288 - Contre Temps
26 septembre 2013 - Prickly Bay - Grenade
Si t’es pas frappé de sénilité précoce, et si ce que tu lis dans ce blog remue un tant soit peu tes méninges de métropolitain, tu sais que, ce qu’il nous arrive le plus souvent, c’est un changement de programme à la dernière minute.
A cause, neuf fois sur dix, d’un imprévu qui, comme son nom l’indique, n’était pas prévu.
Le principe a été confirmé aujourd’hui même, et on s’en va dès à présent te narrer comment, sans être être trop chiants, sinon tu déserterais ce blog pour aller regarder d’autres conneries sur internet, ce qui nous chagrinerait...
Virée du capitaine à la banque ce matin, pour retirer des dollars US. T’as beau faire, c’est la seule monnaie que tu peux refiler n’importe où dans le monde en ayant la certitude que le récipiendaire va l’accepter.
Ce qui est un avantage non négligeable quand t’es dans des contrées très retirées.
On te passe les détails, mais deux heures pour retirer du cash malgré une carte Gold censée te faciliter la tâche, on ne peut pas dire qu’ils bossent sur un rythme effréné, ici !
Une fois l’équipage reconstitué, on hisse l’annexe sur le pont, on met les moteurs en route et... on reste désespérément sur place !
Enfin, plus exactement, on se met à tourner en rond. Pourquoi ? Non, on ne s’emmerde pas, loin s’en faut, c’est juste qu’un moteur tourne à vide, de sorte que son homologue, qui lui carbure comme il faut, entraîne Kouunji dans une danse qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle d’un chien qui essaie de se mordre la queue !
Ah ben tiens, il ne manquait plus que ça ! On a fait nos formalités de sortie, et on devrait être hors des eaux de Grenade... Scrogneutedjeu...!
Pas grave, le diagnostic est vite fait : la tuile qu’on avait eu à Gibraltar nous fait le coup de la récidive (cf. art. 42 et suivants de ce blog palpitant).
Seulement, tu te doutes bien que la première fois nous a servi de leçon. Le capitaine, qui n’avait rien perdu des sortilèges que le gars Kevin lançait sur notre moulin pour qu’il se remette à fonctionner démonte tout comme un vrai pro, et constate que la pièce que le British de Gibraltar nous avait confectionné a avalé son extrait de naissance, et qu’elle a été pulvérisée dans les engrenages de notre transmission “saildrive”.
Tu le vois le petit trou, à droite ? Là, normalement, y'a la goupille...
Mais on n’a peur de rien : le capitaine décortique tout façon neuro-chirurgie, fabrique de ses petites mimines cambouisées la pièce qui nous fait défaut et qui est absolument introuvable ici, tandis que le Pimousse fait l’assistant pour passer les outils au fur et à mesure des besoins.
Après quatre heures à ce régime, la pièce est usinée, l’embrayage remonté à l’endroit (le British l’avait monté à l’envers, mais ces glands font tout pas comme les autres, ils conduisent à gauche, mettent les adjectifs avant les noms, bref, il ne faut pas s’étonner que ce soit bordélique quand ils font quelque chose !) tout est graissé, astiqué et... ça marche !
Regarde comme tout a bien été remonté !
Tu la vois, la p'tite goupille, bien à sa place ?
Quelle équipe on fait, hein ?
Bon, on n’a pas de mérite, on l’avait déjà vu faire une fois, y’avait qu’à être méticuleux.
Mais on est tout de même bien contents que cette tuile nous soit arrivé maintenant, à deux minutes d’un magasin où on a pu acheter une toute petite goupille ridicule de deux centimètres qui nous aurait cruellement fait défaut plus tard.
Ouf, on a du bol !
Apéro avec Caroline et Jean Pierre, de Bohemia, pause bienvenue et riche en enseignements pour notre périple bahaméen, avec un rendez vous ferme à Panama en février.
Cécile et Joni, sur Contre Temps, compatissent aussi. Du coup on est invités à dîner. Au menu : langouste ! Tu t’en doutes, on a honoré notre rendez vous !
En plus après y’avait tarot, donc tout ce qu’il faut pour se remettre de cette journée un peu pourrie (45° minimum dans la cale moteur sans un souffle d’air...).
Du coup, afin de mettre à profit ce contre temps, on décide de différer à samedi notre départ vers les îles vénézuéliennes pour naviguer avec Contre Temps !
Ce sera plus rigolo !