421 - Expertise riche d'enseignements
21 février 2014 - Caicos Marina & Shipyard - Turks & Caicos
On attendait l’expert comme d’autres attendent le messie. Il est arrivé, et le moins qu’on puisse dire, c’est que le bonhomme est non seulement diablement compétent, mais en outre extrêmement sympathique.
Même si, évidemment, il était porteur de très mauvaises nouvelles.
En effet, le monde entier, y compris notre assureur, compatit à nos malheurs de marins.
Mais le monde entier, y compris notre assureur, ne nous filera pas un rond pour réparer.
Soit les éléments endommagés sont vétustes, soit ce n’est pas garanti, soit il y a une franchise.
Bref, quelle que soit l’alternative, le résultat est toujours le même : on l’a dans l’os !
En tout cas, on a percé le mystère de la voie d’eau. Le capitaine avait une théorie, l’expert en avait une autre.
Après une petite expérience (on a rempli Kouunji d’eau...!), il s’est avéré que la théorie du capitaine était juste, et celle de l’expert aussi.
On t’explique : la protection d’étrave a été mal fixée (à l’origine, encore une connerie du chantier, selon l'expert) et à l’usage, il y a eu un délaminage de la stratification de la coque à l’avant du flotteur, dans la baille à mouillage.
Résultat, l’eau entrait par des trous qui n’auraient jamais dû exister, et s'immisçait ensuite dans les fissures de la stratification, pour aller inonder l’arrière du bateau.
Tu observes donc qu’une protection misérable qui vaut 50 € a été si mal fixée à l’origine qu’elle a manqué de faire couler le bateau qui est d’une valeur 8.000 fois supérieure...!
Un peu comme si un boulon à 5 € manquait de te faire crasher en bagnole...
Et tu voudrais faire confiance aux constructeurs de bateaux, toi...?
Pour se changer les idées, on est allés faire un tour en ville, accompagnés par la secrétaire du chantier, fort aimable.
Déjeuner avec l’expert, qui est pote avec Papou, ce qui te démontre que le monde est petit, et le monde de la plaisance encore plus. Puis on se sépare, et nous partons en quête d’un moyen de locomotion.
Vus les tarifs ahurissants pour les scooters et les voitures, on jette notre dévolu sur des vélos, les nôtres n’étant plus que des tas de rouille informes bons pour la casse.
Passage au supermarché, où il nous arrive encore un truc absolument phénoménal. Un gus fort sympa au demeurant est en train de mettre des produits en rayon. Il avise le capitaine, et sa bonne bouille de surfer baba cool déjanté, engage la conversation, et, deux minutes après, lui propose... un truc qui se fume mais qui n’est pas en vente dans les bureaux de tabac...!
Avoue que c’est ahurissant, un truc pareil, non ?
Soit le capitaine se coupe les cheveux, soit il opte pour la chirurgie esthétique, parce que c’est pas possible, quand on est non fumeur comme lui, d’attirer tous les revendeurs de “ganja” de la Caraïbe ! Et sans rien faire, en plus !
On rentre au bateau avec nos vélos, on se perd dans la nuit, on fait beaucoup plus de kilomètres qu’on aurait voulu, mais maintenant, on a les mollets d’une fermeté inégalée !
Arrivés au chantier naval, tout est fermé...! On siffle, on appelle, et heureusement le gardien rapplique, un peu mort de rire, en imaginant qu’on aurait pu passer la nuit dehors à dormir devant le portail hérissé de fils barbelés.
Ah purée, quelle journée !